Il faut dire que Valentine posait problème : elle n’avait pas ses papiers d’identité. Et ce n’est qu’à l’arrivée aux Pays-Bas qu’elle le réalise. « Le prof d’anglais a essayé de discuter avec le personnel du ferry et la police ; mais ils ont refusé de me laisser embarquer ».
Alors, que faire ? Un des professeurs restera-t-il avec la jeune fille, le temps de régler le problème des papiers, grâce au consulat de France, en différant d’un jour ou deux le voyage pour l’Ecosse ? Non. « Je pleurais… Les profs voulaient que je reparte en avion ou en train à Lyon, mais j’avais pas de pièce d’identité ! J’étais coincée et, avec 100 euros sur moi, je n’avais, de toute façon, pas assez d’argent pour un tel voyage », raconte Valentine.
« J’ai réussi à joindre mon père ; la seule solution était qu’il vienne me chercher. Mais il a supplié mon prof de ne pas me laisser seule à Amsterdam ». Peine perdue. « Il a quand même obtenu qu’un prof m’accompagne à l’hôtel… mais il est vite reparti prendre le bateau », poursuit la jeune fille, qui se retrouve donc seule.
Du côté du lycée, on estime avoir parfaitement géré l’incident. « C’était de sa faute, il ne fallait pas qu’elle oublie ses papiers ; on avait rappelé cette exigence à de nombreuses reprises », expose le proviseur, Georges Kighelman, s’exprimant au nom des professeurs. Ne fallait-il pas contrôler les fameuses pièces d’identité, en France, avant de prendre le car, comme c’est parfois l’usage, même pour les adultes, en voyages organisés ?
« Ils auraient dit qu’on les traitait en bébé », répond le proviseur. Quant à laisser la jeune fille toute seule, avec 20 € en poche (une fois la chambre payée) à 860 km de chez elle, le proviseur ne trouve rien non plus à redire. Mais s’il était arrivé quelque chose au papa sur la route ! ? « C’était de sa propre responsabilité », rétorque le proviseur. « A aucun moment, il n’y a eu mise en danger de la vie de cette jeune fille… A son âge, certains vivent loin de chez eux, en résidence universitaire », observe Georges Kighelman. Attention, note le chef d’établissement, Valentine ne sera -t-elle pas suivie dans le cadre de son BTS « pendant deux ans par les quatre professeurs ».
Ah, les notes varieront-elles en fonction de l’attitude conciliante ou non de la jeune fille sur la suite qu’elle entend donner à cette affaire ? « Il faut que les esprits s’appaisent » lâche, sobrement Georges Kighelman. Les cours ont repris. « Déjà, elle est totalement transparente pour l’un des quatre profs… Je me fais du souci », commente la maman de Valentine. La famille cherche des excuses qui ne viennent pas. Elle a déjà consulté un avocat, envisageant desormais de porter plainte pour « délaissement ».
(*) Prénom d’emprunt
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