mardi 13 novembre 2012

Vente en ligne. Il commande 18 500 € de vin et ne reçoit pas les bouteilles

Un Angevin d’une cinquantaine d’années a commandé au site Internet 1855.com pour 18 500 € de grands crus de bordeaux primeurs mais n’en a pas vu la couleur.
Achat mais pas de livraison
1855. C’est l’année du classement de célèbres grands crus. C’est aussi le nom d’un site Internet qui vend du vin. Un site sur lequel un Angevin d’une cinquantaine d’années a passé commande pour 18 500 €. Sans jamais recevoir les bouteilles.
Ce passionné, pas vraiment fortuné, avait misé sur des vins primeurs, c’est-à-dire vendus l’année de la récolte avant d’être mis en bouteille. Une technique qui permet de faire un pari sur un breuvage avant sa vinification.
Des grands crus classés de 2009 comme des châteaux Pontet-Canet (Pauillac) à 82 € la bouteille, Léoville-Barton (Saint-Julien) à 72 €, Montrose (Saint-Estèphe) à 125 €, ou Carruades (Lafite-Rothschild) à 120 € l’unité. « Il a passé une dizaine de commandes sur deux ou trois mois, retrace son avocat, Me Patrick Grisillon. Des commandes de 300 € à 5 000 - 6 000 €. »
Commande annulée
En août 2012, le client angevin a utilisé son droit à annuler la commande en cas de retard. Une disposition prévue par le code de la consommation permet d’agir ainsi entre le 7e et le 60e jour après la date de livraison.
Devant le tribunal des référés d’Angers, hier matin, il réclamait son remboursement. Renvoyée à la demande l’avocat du site, l’affaire sera jugée dans une semaine. Mais, comme le souligne l’autre conseil, « il y a plein de procédures dans toute la France ». À Bordeaux, Arcachon, Paris, Lille, des condamnations tombent. Avec, parfois, des sommes d’astreinte par jour de retard.
Entre 5 000 et 7 000 victimes en Europe ?
Mieux, les naufragés des grands crus se comptent par milliers. Notamment autour de l’Association au bénéfice des usagés spoliés par 1855.com (Abus 1855.com). « On a dépassé le seuil d’une centaine d’adhérents, mais on estime entre 5 000 et 7 000 le nombre de victimes dans toute l’Europe », assure Alain Ehrsam, président grenoblois. L’association compte dans ses rangs une avocate bordelaise, Me Hélène Poulou, qui conseille gratuitement les adhérents de l’association et sillonne la France, d’audience en audience.
Ce collectif s’est créé sous l’impulsion d’Alain Ehrsam, lui-même victime du site : il aurait perdu 2 500 € sur deux ans. Trompé par sept ans pendant lesquels « le site a fait du bon boulot, ce qui m’a mis en confiance ». Avant de proposer des vins primeurs.
Que se passe-t-il avec ces bordeaux ? Le site a-t-il juste pris du retard ? Ou s’est-il laissé débordé par l’augmentation rapide de la valeur des grands crus en les vendant aux clients mais en tentant de les acheter plus tard ?
Difficultés reconnues
Invoquant notamment la crise, 1855.com reconnaît des difficultés : « L’équipe de direction reste déterminée à résoudre dans un délai raisonnable les retards affectant la livraison de certains millésimes de Bordeaux primeurs. L’explication de ces retards est toute simple. Si ces dernières années les achats ont bien été réalisés en temps utile, les approvisionnements en Bordeaux primeurs auprès de nos fournisseurs sont plus lents que prévu. »
420 000 € de bénéfices au premier semestre
« Notre rythme d’approvisionnement est clairement ralenti par les tensions opérationnelles passées de 1855, par le contexte économique global d’aujourd’hui, et par celui, plus spécifique, du marché des vins de Bordeaux. Aujourd’hui, notre objectif est bien de livrer le plus rapidement possible le plus de bouteilles à chacun de nos clients, même si cela doit se faire en plusieurs livraisons dont le coût sera pris en charge par 1855. »
Au premier semestre 2012, 1855.com a affiché des bénéfices de 420 000 € et une croissance de ses ventes de 21 %. Les livraisons n’ont sans doute pas suivi cette courbe avantageuse.
 

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