dimanche 9 mai 2010

Le gouvernement italien va boycotter le festival de Cannes

Un film sur le séisme de L'Aquila le dérange...

Il n'y aura aucun représentant du gouvernement italien à Cannes. Le ministre italien de la Culture a décidé de ne pas se rendre au festival de cinéma, en raison de la sélection de «Draquila», «film propagande» selon lui, sur l'après séisme à L'Aquila d'avril 2009, s'attirant les critiques du secteur et de l'opposition.

Un film «offense la vérité et le peuple italien dans son entier»

Le ministre, Sandro Bondi, a exprimé «son regret et son trouble» face à la sélection d'un film qui «offense la vérité et le peuple italien dans son entier».

«Draquila - l'Italia che trema» («Draquila - L'Italie qui tremble»), de Sabina Guzzanti, une imitatrice spécialiste de la satire politique, figure dans la sélection officielle, hors compétition et doit être projeté en «séance spéciale» lors du 63e Festival de Cannes, qui se déroule du 12 au 23 mai prochain
Dans l'esprit de Michael Moore

Selon des rushes non utilisés vus à la télévision, Sabina Guzzanti, grimée à l'image du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, y dénonce, un peu à la manière du réalisateur américain Michael Moore, une mainmise d'hommes proches du pouvoir sur les projets de reconstruction de la ville. Le 6 avril 2009, un violent séisme avait ravagé la ville médiévale de L'Aquila et ses environs faisant 308 morts et privant de logement 80.000 personnes.

Dans une interview au site internet Articolo 21, la réalisatrice a expliqué qu'elle voulait montrer que «les habitants de L'Aquila sont restés sous la tente pendant six mois seulement parce que le gouvernement voulait faire voir le "miracle" des maisons» remises en grande pompe aux sinistrés à partir de septembre dernier. «Ce film est une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays», a ajouté la réalisatrice.

«Un pays libre doit montrer ce type de spectacles»

Le seul réalisateur italien figurant dans la sélection officielle de Cannes cette année avec «La Nostra Vita», Daniele Luchetti, a vivement critiqué le boycott décidé par le ministre Bondi, très proche du chef du gouvernement Silvio Berlusconi. «Je ne sais pas trop quoi dire à propos d'un ministre qui a honte d'un artiste libre», a-t-il déclaré aux médias italiens ce samedi.

«Un pays libre doit montrer ce type de spectacles. Il faut être fier d'emmener à l'étranger une telle démonstration de liberté», a ajouté le cinéaste dont le film sortira le 21 mai dans les salles italiennes.

Le député européen du parti Italie des Valeurs (centre-gauche, opposition) Luigi de Magistris a été encore plus dur à l'égard du gouvernement: «Ceux qui insultent la liberté et le peuple italien, ce ne sont ni l'art ni l'information, mais un ministre qui au lieu d'honorer ses engagements institutionnels récite le rôle de fidèle serviteur du Premier (ministre) en désertant Cannes».

20minutes

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