Le sénateur de la Côte-d’or et conseiller municipal UMP de Dijon, Alain Houpert, revient sur la fin de l’activité commerciale de l’aéroport Dijon-Bourgogne. “Le constat d’échec est clair”, assure-t-il. “En pleine période de crise économique, Dijon et le Conseil Régional tournent le dos à leurs compétences, font une croix sur un levier essentiel au développement économique [...] Les Dijonnais sont scandalisés de la désinvolture avec laquelle on traite l’ensemble du personnel de l’aéroport”
Lire le communiqué de presse ci-dessous.
“L’aéroport DIJON BOURGOGNE coupé du reste de la France ? Un vrai scandale qui soulève l’incompréhension, au lendemain de la décision du Conseil Régional de Bourgogne.
L’activité commerciale va devoir cesser le 31 mai prochain, dans la précipitation et l’improvisation.
Déception pour certains, trahison pour d’autres, le constat d’échec est néanmoins clair.
En pleine période de crise économique, Dijon et le Conseil Régional tournent le dos à leurs compétences, font une croix sur un levier essentiel au développement économique. Le Conseil Général avait tiré la sonnette d’alarme, il n’a pas été entendu. C’est aussi toute la Côte d’Or avec ses 706 communes qui se trouvent brutalement privées d’aéroport.
Parce que l’aéroport DIJON BOURGOGNE coûte trop cher au contribuable ?
20 millions d’euros ont été investis dans le programme RENAISSANCE, pour des retombées économiques et financières qu’il est difficile de chiffrer … On évoque 1,5 à 2 millions de coût annuel , mais le coût du TER est de l’ordre de 180 millions par an : doit-on aussi fermer les gares ?
L’aéroport ne coûte pas cher, car il ne s’agit pas seulement des quarante emplois directs sur le site, mais il faut prendre en compte l’impact considérable, pour notre économie, de la perte potentielle des 50 000 passagers annuels qui, pour la plupart, sont des cadres supérieurs d’entreprises, des architectes, des ingénieurs, qui créent de la richesse, du dynamisme, donc de l’emploi dans la région.
En réalité, on s’abrite derrière des chiffres pour mieux cacher un manque cruel d’ambition.
Exemple : la signalétique depuis Dijon, pour se rendre à l’aéroport DIJON BOURGOGNE, n’a pas changé depuis des années. Elle indique toujours la direction de l’aéroport DIJON LONGVIC, si bien que le voyageur a bien du mal à s’y retrouver ! Est-ce normal ? N’est-ce pas la preuve que les élus de la majorité au conseil municipal de Dijon et au Grand Dijon ne se sentent pas concernés par l’aéroport, ne croient pas à son développement…? Ils sont à l’image de cette signalétique, passéiste.
Que dire de François REBSAMEN qui n’hésite pas à déclarer ces derniers jours qu’il est moins grave de fermer un aéroport qu’une gare SNCF ? C’est évident mais un élu doit se battre contre l’adversité et ne doit rien céder au déclin.
En revanche, est-il exact que l’on continue à subventionner la compagnie EASTERN AIRWAYS sur des lignes aériennes qui n’existent plus (Dijon – Toulouse, Dijon – Bordeaux, Dijon-Nantes) ou qui n’ont jamais existé (Dijon – Nice) ? A-t-on diminué les subventions quand les rotations sur Bordeaux et Toulouse, prévues deux fois par jour, ont été réduites à une seule par jour ?
Aujourd’hui, l’aéroport est en sursis, il est faux de faire croire aujourd’hui que l’on garde l’aéroport ouvert.
D’abord, il ne s’agit que d’une période transitoire, jusqu’à la fin août, pour deux raisons : procéder aux licenciements des personnels dans les formes légales, et assurer la saison charters pour les billets qui ont déjà été vendus.
Ensuite, il ne s’agit que de conserver une aviation d’affaires avec trois personnes pour faire tourner l’aéroport. C’est impossible : ou bien on accueille l’aviation d’affaires avec des personnes compétentes et en nombre suffisant, ce qui suppose d’y consacrer les moyens financiers adéquats, ou bien on ferme l’aéroport.
Où est le sursaut salutaire ? Car l’aviation d’affaires, ce n’est pas seulement accueillir les jets privés, c’est surtout développer les liaisons aériennes intérieures avec les métropoles françaises, pour faire de notre aéroport une plate-forme qui permette aux décideurs économiques de venir facilement à DIJON, y implanter de nouvelles entreprises, signer de nouveaux contrats et ainsi créer des emplois supplémentaires dont Dijon, son agglomération et la Côte d’Or ont grand besoin. C’est également construire sur l’aéroport des hangars supplémentaires pour accueillir davantage d’avions d’affaires, organiser des espaces de détente pour les pilotes … etc.
Si l’on ne réagit pas aujourd’hui, DIJON s’engage sur la voie inexorable du déclin économique, au risque même de perdre son statut d’étoile ferroviaire… Abandonner l’aéroport DIJON-BOURGOGNE, c’est laisser à l’abandon toutes les infrastructures de la Base Aérienne.
Il faut aussi créer un véritable pôle d’aviation commerciale , en développant des lignes régulières et pérennes : nous avons la chance d’avoir un directeur passionné et compétent , avec une équipe professionnelle de vingt cinq collaborateurs qui se battent au quotidien pour faire tourner l’aéroport DIJON BOURGOGNE.
L’aéroport de DOLE TAVAUX a montré ses capacités à développer l’aviation low cost : doit-on pour autant baisser les bras à DIJON, faute de rechercher les synergies susceptibles de dynamiser les deux sites ?
Le projet aujourd’hui encore hypothétique de fusion entre la Bourgogne et la Franche-Comté ne doit pas nous détourner de notre objectif prioritaire : relier l’aéroport DIJON BOURGOGNE à la France et à l’Europe, autour d’un projet de développement crédible , assis sur des bases financières pérennes. A l’heure de la mondialisation, il est grand temps de nous relancer.
Les Dijonnais, les Côte-d’Oriens et les Bourguignons ne sont pas dupes : ils savent que les promesses n’ont pas été tenues, ils sont scandalisés de la désinvolture avec laquelle on traite l’ensemble du personnel de l’aéroport, ils refusent qu’on leur jette de la poudre aux yeux avec une probable annonce par les représentants de la majorité de gauche à Dijon, au Grand Dijon et au Conseil régional, de la création d’un syndicat mixte. Ces gens qui sont réunis autour du cercueil veulent faire croire qu’ils vont sauver l’aéroport pour mieux se disculper en période pré-électorale : fuite en avant, procrastination, volonté d’euthanasier l’aéroport, tout cela relève de la « coupable attitude »… ils ont remplacé l’acharnement thérapeutique par l’acharnement médiatique, sur un organisme qui n’est pas moribond, quoi qu’on en dise.
Un aéroport, c’est une porte vers l’avenir, c’est un levier économique, qui s’autofinance ; ce n’est pas une dépense superflue, mais un levier pour l’avenir ; pour cela il faut s’entourer de professionnels, nous en avons, nous pouvons leur faire confiance, mais il faut aussi des élus de la majorité qui croient en l’avenir et se battent pour le construire … mais là, rendez-vous dans six ans.
http://www.miroir-mag.fr/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire