mercredi 7 mai 2014

16 ans après, les confidences de Monica Lewinsky

Après plus d'une dizaine d'années de silence, l'ancienne stagiaire prend la parole pour évoquer sa "relation inconvenante" avec Bill Clinton, comme l'avait qualifiée ainsi l'ex-président des Etats-Unis. Monica Lewinsky prend la plume dans Vanity Fair pour raconter son "humiliation". Elle explique qu'elle est restée ces dernières années "recluse", refusant toutes les sollicitations de la presse. L'ex-maîtresse de Bill Clinton craignait en particulier "de 'devenir un problème' si (Hillary Clinton) lançait sa campagne" pour l'élection présidentielle de 2016.
"Mais est-ce que je devais mettre ma vie encore entre parenthèses pour encore 8 à 10 ans?", ajoute-elle dans ce long texte publié dans le magazine. Elle se défend d'écrire une tribune "contre les Clinton". "Je ne leur veux pas de mal. (...) Ce qui m'est arrivé et la question de mon avenir ne concernent aucun d'entre eux". "Il est temps de tourner la page", affirme Monica Lewinsky qui affiche son envie de se "réapproprier (son) histoire et donner un sens à (son) passé".

"La personne la plus humiliée au monde"

Sur son passé justement, elle en retient surtout de la souffrance. "Je regrette profondément ce qui est arrivé entre le président Clinton et moi", martèle-t-elle. La jeune stagiaire avait à peine 22 ans lorsqu'en 1995,  elle commença une relation intime avec le président des Etats-Unis, qui dura une année et demie. Le scandale n'éclatera qu'en 1998, avec les révélations d'enregistrements de conversations téléphoniques de Monica Lewinsky avec l'une de ses collègues au Pentagone, où elle a été affectée après la Maison blanche. Au terme de cette affaire, Bill Clinton avait été contraint d'admettre cette "relation inconvenante" en août 1998, devant un grand jury.
L'ancienne stagiaire estime avoir été en 1998 "non seulement la personne la plus humiliée au monde", mais "sans doute la première personne dont l'humiliation mondiale a été propagée par Internet". Elle dit avoir été tellement silencieuse que "la rumeur dans certains cercles devenait que les Clinton avaient dû me payer". Or "rien n'est plus éloigné de la vérité", affirme-t-elle. "C'est vrai, mon chef a profité de moi, mais je resterai toujours ferme sur ce point : il s'agissait d'une relation consensuelle", précise aussi la jeune femme. "Toute cette notion de maltraitance est venue après, quand je suis devenue bouc émissaire pour protéger (la) puissante position" de Bill Clinton.

Des offres à 10 millions de dollars refusées

A propos d'Hillary Clinton, qui l'aurait qualifiée de "timbrée narcissique", Monica Lewinsky assure que si c'est "la pire chose qu'(Hillary) ait dite" sur elle, elle a "beaucoup de chance". Après le scandale, Monica Lewinsky, aujourd'hui âgée de 40 ans, assure qu'elle a "refusé des offres (d'emploi) qui auraient pu lui faire gagner plus de 10 millions de dollars par an, parce que ça ne semblait pas être la bonne chose à faire". Elle a alors déménagé à Londres, où elle a passé un diplôme en psychologie sociale à la London School of Economics, puis à Los Angeles, New York et Portland (Oregon, nord-ouest). Elle a postulé à divers emplois dans la communication et le marketing, mais "en raison de ce que les employeurs qualifiaient avec tact de mon 'histoire', je n'étais jamais la 'bonne personne' pour le poste".
Sa souffrance "a pris une autre signification" après le suicide en septembre 2010 d'un étudiant homosexuel, Tyler Clementi, à l'université de Rutgers (New Jersey, est), qui avait été espionné par celui qui partageait sa chambre. "Peut-être qu'en partageant mon histoire, je me suis dit, je suis capable d'aider les autres dans leurs moments les plus noirs d'humiliation", explique-t-elle. Son objectif, assure-t-elle, est désormais de s'impliquer dans la défense "de victimes d'humiliations et de harcèlement en ligne et de commencer à parler de ce sujet dans des forums publics".
Il est temps d'arrêter "de marcher sur la pointe des pieds autour de mon passé - et de l'avenir d'autres gens. Je suis déterminée à écrire une fin différente à mon histoire", pursuit la jeune femme, qui se plaint d'être encore citée en permanence par les médias. Et ce, sur des sujets aussi variés que la série Scandale ou même... la vie sentimentale du président français François Hollande.
 

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