Hervé Crès sur la sellette
D’ici là il est clair que beaucoup d’indiscrétions continueront à filtrer. Leur but est manifestement de stigmatiser la gestion de l’équipe Descoings, au premier rang de laquelle figure Hervé Crès, son ancien bras droit, qui s’est qualifié de « candidat naturel » à la succession. Le dossier de la grosse prime que se sont partagés les dix membres du comité exécutif de l’IEP, d’un montant total de 295 000 Euros, est au centre des critiques. Un très bon connaisseur de l’institution pense que Jean-Claude Casanova, ainsi que le très influent Michel Pébereau, président de Sciences Po et ancien président de la BNP, poussent à fond la candidature d’Hervé Crès « éblouis par son aura de Normalien scientifique » mais aussi « afin que le linge sale soit lavé en famille ». Un autre grand familier des arcanes de Sciences Po estime que la nomination de Crès « serait une catastrophe car c’est un prof qui ne connait rien à la gestion, très compliquée, des relations avec l’état d’une institution comme l’IEP ». Cette même source assure qu’Hervé Crès, que nous n’avons pas pu joindre avant cet article, serait mal accepté en interne, et que Richard Descoings avait décidé de s’en séparer cette fin d’année, qu’il l’en avait informé, ainsi que le précédent ministre, Laurent Wauquiez . Le fait que ces informations circulent montre que s’est forgée une solide opposition à un éventuel « diktat » du duo Casanova Pébereau.Jean-Michel Blanquer souvent cité
Sciences Po, qui est très endetté suite à des investissements immobiliers massifs, va devoir manœuvrer finement avec le nouveau pouvoir. D’après un universitaire haut placé, Richard Descoings, qui plaisait beaucoup à Nicolas Sarkozy, négociait directement sa subvention annuelle avec Claude Guéant. Le même ajoute « il faudra un gabarit hors normes à la tête de cette école dans les années à venir, car cela ne pourra plus se passer comme ça ». Jean-Michel Blanquer, ancien recteur à poigne de Créteil, actuel Directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’éducation nationale, qui s’entendait très bien avec Richard Descoings car ils avaient le même goût pour les innovations audacieuses, est souvent décrit comme le meilleur profil pour le poste dans ce contexte.Le scandale...d'une procédure obscure
Mais au final, si scandale il y a, c’est que, pour l’heure, la procédure de nomination du directeur continue d’être fort obscure. Nul ne sait si les candidats qui ont déposé des projets écrits pourront défendre ceux-ci devant les comités de sélection. L’hypothèse d’une nomination entérinée in fine en petit comité par le seul tandem Casanova-Pébereau court avec insistance. Il y a deux comités de sélection, un pour la Fondation et un pour l’école, le directeur de Sciences Po étant traditionnellement le patron des deux. Mais quelle coordination y aura-t-il entre ces comités ? La Fondation est un organisme de droit privé, l’école est de droit public. La Cour des Comptes va sûrement préconiser une séparation de ces deux structures dont la superposition est une sorte d’ovni administratif. « Richard Descoings avait tiré grand profit de cette bizarrerie administrative pour innover ou investir à la hussarde » fait remarquer un universitaire. Dans ce contexte, on peut imaginer que deux directeurs soient nommés, un pour chaque structure. L’autre scandale, c’est que dans ces comités, il ne siège pas un seul représentant du personnel des ces deux organismes.La tonalité générale, c’est que Sciences Po était l’enfant gâté du précédent régime, et que cela va changer parce que les écarts de traitements, à tous les sens du terme, avec les universités mais aussi avec les autres IEP étaient trop grand. La rigueur a également rendez vous rue Saint Guillaume.
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