vendredi 8 juin 2012

IRM : le scandale persiste

 Le haut conseil de la santé publique (HCSP) publiait il y a quelques jours un rapport se faisant fort de comparer le système de santé français à celui de nos voisins européens. Dans de nombreux domaines, la supériorité de l’hexagone ne fait aucun doute (mortalité cardiovasculaire, espérance de vie, nombre de lit d’hôpital par habitants…). Cependant, ces travaux du HSCP ne pouvaient taire les graves défaillances de notre pays, constatées depuis plusieurs années, aux premiers rangs desquelles la faiblesse de notre offre en imagerie médicale. La France occupe en effet la 17ème place en terme de nombre d’IRM pour 100 000 habitants. Seuls les pays de l’Est accusent des scores plus faibles, tandis que nous sommes largement devancés entre autres par la Grèce et Chypre (très performants en l’espèce avec 2,2 IRM/100 000 habitants contre 0,6/100 000 en France) sans parler du Danemark, de l’Autriche ou du Luxembourg.

Il faudrait deux fois plus d’IRM

Bien que présentant un retard important par rapport à tous les autres pays d’Europe de l’Ouest, l’augmentation du nombre d’IRM n’a pas été la plus importante en France comparativement à l’ensemble de l’Union européenne au cours des dix dernières années. Ainsi, le nombre d’IRM a été multiplié par sept au Luxembourg, par six en Slovaquie et à Chypre, mais seulement par trois en France ; ce qui en valeur absolue représente il est vrai un nombre d’appareils plus important. Même si nous comptons aujourd’hui 618 IRM contre 230 en 2003, il faudrait pour rejoindre la moyenne européenne qu’il « y ait 1 260 IRM en France » a calculé le responsable de la Fédération d’imagerie du cancer au sein de Société française de radiologie (SFR), le professeur Frank Boudghene, cité par le Figaro.

Des délais d’attente qui ne varient presque pas


Les conséquences pour les patients sont évidentes. Les délais d'attente, potentiellement dommageables, atteignent aujourd’hui en moyenne 29,1 jours selon la dernière enquête en date réalisée par le bureau Cemka-Eval pour l’association Imagerie Santé avenir (ISA). Si une amélioration peut être constatée depuis 2011, année au cours de laquelle les délais d’attente moyens avaient été évalués à 32,2 jours, il s’agit cependant encore d’une durée bien plus importante que les objectifs fixés par les différents plans cancers. Le dernier plan cancer (2009-2013) s’est en effet donné pour objectif de ramener à 10 jours le temps d’attente. Or, depuis 2005, ce délai moyen n’a guère évolué oscillant entre 29 et 32 jours. D’une manière générale, les rapports de l’ISA se suivent et se ressemblent ; si ce n’est qu’une dégradation de la situation est parfois épinglée Ainsi, le rapport publié vendredi dernier constate que d’importantes disparités continuent d’exister en fonction des régions. Il faut ainsi en moyenne patienter plus de 50 jours lorsqu’on demande un rendez-vous pour des douleurs lombaires chez un patient ayant un antécédent de cancer du côlon dans les Pays de Loire, la Bretagne, la Basse-Normandie, le Limousin et la Corse. L’année dernière, seules quatre régions avaient des délais aussi longs (dont déjà les Pays de Loire et la Corse).

Pas de rendez-vous directement dans une structure sur trois


Il y a cependant quelques bons élèves salués par les spécialistes d’ISA, telle l’Aquitaine où le parc d’IRM augmente tous les ans et où le délai moyen d’attente a été diminué de dix jours en un an. Bien sûr, c’est la progression du nombre d’appareils qui favorise principalement le raccourcissement des délais de rendez-vous. Il existe cependant également des complexités administratives plus lourdes dans certaines localités que dans d’autres et qui freinent l’accès à l’IRM. Ainsi, une fois encore les enquêteurs ont constaté qu’il était impossible d’obtenir un rendez-vous simplement par téléphone dans une structure sur trois. A cet égard, la région où le taux d’obtention de rendez-vous à la première demande est le plus faible est l’Alsace (23,1 %), tandis qu'il est le plus élevé en Haute Normandie (78,6 %), bien que faiblement dotée en IRM.

Un système archaïque d’autorisation administrative


Ces différents chiffres plaident encore une fois pour la mise en place d’une politique d’investissement plus dynamique dans ce domaine. L’accroissement de l’équipement en France souffre en effet encore aujourd’hui de nombreuses entraves administratives et logistiques. « On continue en France à restreindre l’offre par un système archaïque d’autorisation administrative. Une régulation plus quantitative que qualitative. C’est d’autant plus ridicule que le marché se régule lui-même pour d’autres appareils, comme, par exemple les échographes ou les tables de radiologie conventionnelle » se désole le Docteur Martine Valière, radiologue à paris et docteur en économie, citée par le Figaro.

http://www.jim.fr/en_direct/pro_societe/index.phtml

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