Le chiffre est préoccupant. Sur les 5300 médicaments commercialisés en France, entre 160 et 370 sont régulièrement absents des rayons des pharmacies. « En quarante ans de métier, s’alarme l’ex-président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, je n’ai jamais vu autant de ruptures de stocks ».
En cause, des difficultés de production mais aussi le principe des quotas mis en place par les laboratoires. En clair, 600 médicaments font l’objet d’un contingement par pays et si la demande est supérieure au quota réservé à la France, les grossistes ne peuvent plus approvisionner les pharmacies. Bilan : des ruptures de stocks en série.
Des réunions au ministère
Une première alerte a été donnée en mars à la suite d’une pénurie d’antirétroviraux. Xavier Bertrand, ministre de la Santé, avait alors commandé une série d’enquêtes, notamment auprès de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Le sujet a aussi été à l’ordre du jour en juin puis à la mi-juillet de deux réunions au ministère de la Santé. Car au bout du compte, c’est le patient qui est pénalisé.
Mais sur le terrain, rien ne semble avoir changé. Au printemps, un sondage avait révélé que « six pharmaciens sur dix sont confrontés à des problèmes d’approvisionnement quotidiens ». Et, contacté par notre journal, un pharmacien des Hauts-de-Seine confirme qu’il lui manque « régulièrement une trentaine de produits », dont, récemment, de l’insuline. Du côté des labos, l’association Les entreprises du médicament (Leem) explique ces pénuries par « les pratiques de certains intermédiaires, en relation avec les différentiels de prix européens ». Leem vise en particulier les « short liners », des sociétés de distribution nouvellement arrivées sur le marché, qui ne respectent aucune des obligations des grossistes-répartiteurs (stock de quinze jours pour les neuf dixièmes des médicaments, livraison en 24 h maxi…) et achètent à bon prix en France pour revendre sur d’autres marchés plus rémunérateurs. « Ces pratiques existent, confirme Yves Kerouedan, et les pouvoirs publics laissent faire. Mais la vingtaine de short liners existants ne couvre que 3% du marché, il ne faut donc pas exagérer leur impact. » Certains observateurs du secteur glissent sous le sceau de l’anonymat que les laboratoires préfèrent réserver leurs produits à des pays où les médicaments sont plus chers.
http://www.leparisien.fr/economie/alerte-a-la-penurie-de-medicaments-dans-les-pharmacies-01-08-2011-1551460.php
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