mercredi 25 avril 2012

Le Parti communiste face à la pression du scandale Bo

Malgré les efforts de censure des autorités chinoises, l'affaire Bo Xilai est devenue un scandale à l'ampleur inédite en Chine.

Corruption, meurtre... un
scandale «croustillant»

Retour sur ce mois de mars où l'histoire a commencé. Soupçonné de «sérieuses violations de la discipline», une terminologie habituellement réservée aux affaires de corruption, l'étoile montante du
Parti communiste, Bo Xilai, est limogé de son poste de chef du parti à Chongqing et est suspendu mi-avril du Politburo. Sa femme, Gu Kailai, fait, elle, l'objet d'une enquête car elle est soupçonnée d'avoir fait assassiner un homme d'affaires britannique, autrefois proche de la famille Bo. Un vrai feuilleton qui mêle intrigue de roman policier et rebondissements façon Hollywood. L'histoire passionne d'autant plus la population chinoise, qu'une partie d'entre elle avait été largement séduite par le flamboyant Bo Xilai, à la fois maoïste et dirigeant moderne du parti communiste. «Il a deux visages. D'un côté, il est talentueux et charmant. De l'autre, c'est un conspirateur», estime Jiang Weiping, un journaliste qui a passé cinq ans en prison après avoir publié des articles critiques sur le couple Bo et qui vit désormais au Canada. L'homme de presse aurait déjà eu vent des pratiques douteuses de l'homme politique dès le début des années 90. L'affaire prend une ampleur inégalée dans un pays qui a pourtant connu plusieurs cas retentissants de corruption: pour rappel, l'ex-numéro un du Parti communiste chinois à Shanghai, Chen Liangyu, avait écopé de 18ans de prison pour corruption en 2008, et l'ancien maire de Pékin, Chen Xitong, avait été limogé en 1995 et condamné à 16 ans de prison, toujours pour corruption.

La croissance ralentit fragilisant le parti

Mais la situation économique et sociale de 2012 change la donne, selon les experts. Pour eux, la légitimité du parti reposait pour beaucoup, sur la croissance effrénée de l'économie, qui a sorti de la pauvreté une partie de la population. Mais cette croissance ralentit aujourd'hui et le modèle économique s'essouffle. Les tensions sociales s'exacerbent, avec notamment de violentes protestations des populations rurales contre les saisies de terres par les potentats locaux.

Une malédiction ou une bénédiction ?

Dans ce contexte tendu, le
scandale politique éclate, dévoilant l'impunité dont jouit l'élite du pays. Pour Cheng Li, un expert de la Brookings Institution sur les élites chinoises, le Parti communiste doit effectuer «de profondes transformations» s'il veut «regagner la confiance du public et rester au pouvoir». «La crise Bo Xilai peut être une malédiction ou une bénédiction pour le Parti communiste chinois», conclut-il.  

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/index_monde.php

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